Le Bouddha Amitabha 阿彌陀佛


« Amitābha », « Amitayus » ou « Amida », est un bouddha du bouddhisme « mahayana » (大乘/ »Grand Véhicule ») et « vajrayana » (密宗/ »Véhicule du Diamant »). Il règne sur la « Terre pure Occidentale de la Béatitude » (西方極樂世界), monde merveilleux, pur, parfait, dépourvu de mal et de souffrance. Cette terre pure, lieu de refuge en dehors du cycle des transmigrations ou l’équivalent du « nirvāņa » (涅槃) selon certaines conceptions, est au centre des croyances et pratiques des « écoles de la Terre pure » (淨土宗). Ce bouddha, qu’on appelle aussi le bouddha des bouddhas, est très populaire chez les mahāyānistes, en particulier dans le monde chinois, en Corée, au Japon, au Tibet et au Viêtnam. Dans la statuaire, Amitābha est représenté comme le Bouddha « Shakyamuni » (釋迦牟尼), mais avec les « mudrā » (手印/ »geste de la main ») de la méditation ou de la transmission de la loi.

Ce bouddha, de par la popularité de son culte est connu sous de nombreux noms. Il possède deux noms en sanskrit : « Amitābha », littéralement « Lumière Infinie » ou « lumière infiniment étendue dans toutes les directions spatiales avec un temps infini » et « Amitāyus » « longévité infinie », (« amita »: « infini, non mesuré, indéterminé » et « āyus » : vie, longue vie). En Chine, au Japon, en Corée et au Viêt Nam, il est connu sous les noms chinois issus des sûtras le concernant. La première partie de ses deux noms sanskrits y est phonétiquement transcrite, avec l’ajout du caractère signifiant « Bouddha » (soit « le Bouddha Amita »): (« Amituo Fo »/阿彌陀佛 en chinois, « Amida Butsu »/阿弥陀仏 en japonais, « Amitabul »/아미타불 en coréen, « Adidapat »/A di đà Phật en vietnamien). On trouve également son nom traduit littéralement du Sanskrit : ainsi Amitābha devient « WúLiàng Guāng Fó »/無量光佛 (littéralement « Bouddha de Lumière Infinie »)  en chinois; « Muryōkō-Butsu »/無量光仏 en japonais et « Amitāyus » devient « WúLiàng Shòu fó »/無量壽佛 en chinois et « muryōju-butsu »/無量寿仏 en japonais.

Amitābha, une notion de sa terre de bouddha et ses sutras (« Grand Sūtra de Vie-Infinie »/大乘無量壽經 et le « Sūtra d’Amita »/佛說阿彌陀經) furent introduits en Chine entre 150 et 200 par le moine « parthe An Shigao » et d’autres comme « Zhu ShuoFo » (竺朔佛). Le moine kouchanais « Lokakshema » les a traduits en langue chinoise. Amitābha est inconnu dans le bouddhisme ancien, et l’on peut penser que son culte s’est développé dans les premiers temps de l’ère commune. Sa plus ancienne statue identifiée par une dédicace, datant de la seconde moitié du 2ème siècle (28ème année du règne de « Huvishka »), vient de « Govind-Nagar » dans l’Empire « kouchan »; elle se trouve actuellement au « musée de Mathura » dans « l’Uttar Pradesh ». Son nom (« Lumière Infinie »), son origine géographique et la notion de son paradis ont fait penser à une influence persane, mais sans aucune preuve. « L’école de la Terre pure » (淨土宗) fait remonter son existence en Chine au début du 5ème siècle, avec la constitution par le moine « HuiYuan » (慧遠) en 402 sur le « mont LuShan » (廬山) de la première communauté, dont les adeptes adoptent la visualisation d’Amitābha parmi leurs pratiques de méditation et aspirent à renaître dans la terre pure du bouddha afin de poursuivre leur perfectionnement spirituel à l’abri des troubles du monde. Le mouvement prit son essor avec « TánLuán » (曇鸞/476-542), puis « DàoChuò » (道綽/562-645) et « ShànDǎo » (善導/613-681), qui systématisèrent la doctrine. À la fin du 12ème siècle, fut créée au Japon l’école « Jodo Shu » (dite de la « Terre pure ») par le moine « Hōnen » (法然/1133-1212), et l’école « Jōdo-Shinshū » (浄土真宗/dite « véritable école de la Terre pure »), par son disciple « Shinran » (親鸞/1173-1262).

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Les instructions sur la pratique du Bouddha Amitābha furent introduite au Tibet au 8ème siècle par le grand maître érudit indien « Padmasambhava ». Cette pratique a été redécouverte par « Mingyour Dorje » (1645-1667), un des 21 principaux « tertöns ». Le vajrayana en fait l’une des composantes de la nature du bouddha, soit en complément du seul « bouddha Akshobhya » (阿閦佛), soit associé à quatre autres bouddhas de sagesse ou « bouddhas de cinq directions » (五方佛) : « Vairocana » (大日如來) au centre, Akshobhya à l’est, « Ratnasambhava » (寶生如來) au sud et « Amoghasiddhi » (不空成就如來) au nord. Parmi les mantras tibétains qui lui sont associés, il en existe un long, « Om Ama Rani Dzi Ouèn Ti Yé Soha » et un court, « Om ami dhewa hri ». « Tsepamé » est considéré comme la forme « Sambhogakāya » (« corps de félicité ») d’Amitabha. Il est représenté de couleur rouge et en position de méditation, tenant entre ses mains un vase contenant de « l’amrita », le nectar d’immortalité qui confère la longévité, et un arbre « ashoka » (antalgique) pousse du vase. Le Vajrayana l’a incorporé dans l’élaboration ésotérique des cinq bouddhas de sagesse, avec Vairocana, Akşobhya, Ratnasambhava, et Amoghasiddhi. On peut le voir sur les « mandalas » (曼荼羅) dits de la « Terre de diamant » les représentant à l’opposé d’Akşobhya (parfois « Ratnaketu » [寶幢如來]).

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« Daibutsu » (大仏) de « Kamakura » (鎌倉市).

Il est associé à l’Ouest et sa couleur est en général le rouge, couleur du soleil couchant, de la compassion, de l’amour bienveillant et de la puissance émotionnelle. C’est le bouddha le plus accessible. Une autre élaboration se concentre sur le couple Amitābha-Akshobhya, représentant respectivement la compassion et l’impassibilité, deux éléments complémentaires. Akşobhya règne sur le paradis oriental (« Abhirati ») de la Terre de diamant. On trouve souvent Amitābha sous sa forme parée ou en union avec sa parèdre « Pandara », ainsi qu’en compagnie « d’Avalokiteśvara » (觀音菩薩/ »GuanYin » en chinois). Son effigie se retrouve très souvent dans la coiffe de ce dernier, considéré comme le chef de la lignée. On l’appelle également « Lokanātha » (« seigneur du monde ») ou « Padmapaņi » (« qui a un lotus à la main »). Le « panchen-lama », l’un des maîtres principaux, après le « dalaï-lama », de l’école des « Gelugpa » du bouddhisme tibétain est considéré comme étant une des émanations d’Amitābha. Au Japon on le retrouve dans le bouddhisme ésotérique « shingon » (真言) ou il appartient au cycle des treize bouddhas et à ce titre est invoqué par sa « dharani » ou son « mantra » court « Om amrita teja hara hum » deux ans après un décès.

Amitābha est considéré comme le créateur de la Terre pure occidentale de la Béatitude (« Sukhāvatī ») décrite dans le « Sūtra des contemplations de Vie-Infinie » (佛說觀無量壽經); les deux grands bodhisattvas, Avalokiteśvara et « Mahasthamaprapta » (大勢至菩薩) sont ses deux assistants (ce dernier est remlacé par Vajrapani dans certaines traditions telles que le bouddhisme tibétain) : ils l’aident à y accueillir tous ceux de toutes les directions qui ont rempli les conditions d’y parvenir. C’est la raison pour laquelle ils sont appelés « les trois Saints de l’Ouest » (西方三聖). Dans les monastères de la Terre pure ou sur les effigies, ils sont présentés ensemble avec Amitābha au milieu, Avalokiteśvara à sa droite et Mahāsthāmaprāpta (ou Vajrapani) à sa gauche. Dans le bouddhisme populaire et la religion chinoise, Amitābha (Amituofo) et Avalokiteśvara (Guanyin) ont souvent la même fonction : ils ont tous deux promis de ne pas entrer au nirvana tant que tous les êtres n’y seraient pas. Y avoir foi, le vouloir et réciter constamment leur nom sont les trois conditions nécessaires pour entrer dans ce domaine du bonheur infini. Dans le Mahayana le sûtra de la Vie-Infinie, le bouddha Shakyamuni relate l’histoire du bouddha Amitābha : Un roi se rendit auprès du « bouddha Lokeśvararāja » (世自在王佛) pour prendre vœu de bodhisattva. Il résolut de devenir un bouddha régnant sur une terre pure où pourraient entrer tous ceux qui l’invoqueraient. Il prononça « 48 vœux » (四十八願).

« La récitation du nom d’Amitābha » (念佛/ »NianFo » en chinois ou « nenbutsu » en japonais) est une pratique fondamentale des écoles de la Terre Pure, dont ce bouddha est le vénéré principal. Certaines branches considèrent même que cet exercice seul suffit à donner accès à la Terre pure d’Amitābha. Cette invocation est « Nāmo Amitabuddhāya » en sanskrit, « Námó Ēmítuó fó » (南無阿彌陀佛) en chinois, « Namu Amida butsu » en japonais, « namu Amita-bul » (나무아미타불) en coréen et « Nam mô A Di Đà Phật » en vietnamien; En dehors même de la pratique de la Terre Pure, ces invocations sont gratifiées d’un pouvoir spirituel et protecteur. La forme simplifiée chinoise (« Amituofo ») sert de la formule de salutation aux moines ou aux fidèles pieux lorsqu’ils se rencontrent, elle est parfois utilisée par les masses populaires orientales pour exprimer un choc ou une forte émotion (de la même façon que les chrétiens s’exclament « Mon dieu ! »). Afin de renaître dans la Terre pure Occidentale de la Béatitude, à part l’invocation à Amitābha, on récite souvent le mantra de ce bouddha que voici : « Namo Amitābhāya Tathāgatāya. Tadyathā, om, amritodbhave, amrita siddham bhave, amrita vikrānte, amrita vikrānta, gamini gagana kīrti-karī svāhā » :

(南無。 阿米達帕雅 。達他葛多雅。達地雅他 。嗡。 阿姆力帖。阿姆力多帕威 。阿姆力達 。希他姆 。帕餵。阿姆力達。威可蘭帖。阿姆力達。威可蘭達。葛米尼。葛葛那。ㄧ帝卡力。沙爾哇。卡爾瑪格累夏。查盎。卡累。史哇哈)

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