komusō 虚無僧


Les « komusōs » (虚無僧/む そ う) étaient un groupe de moines mendiants japonais de l’école bouddhisme zen « Fuke » (普化禅) qui se développa pendant la « période Edo » (江戸時代), de 1600-1868. Les Komusōs étaient caractérisés par un « bassinet » en paille, appelé « tengai » (天蓋), porté sur la tête, manifestant l’absence d’ego. Ils étaient également connus pour jouer des pièces en solo de « shakuhachi » (尺八), un type de flûte japonaise en bambou. Ces pièces, appelées « honkyoku » (本曲/ »pièces originales »), étaient jouées lors d’une pratique méditative appelée « suizen » (吹禅), pour l’ aumône, comme méthode pour atteindre l’illumination et comme méthode de guérison. Le gouvernement japonais a introduit des réformes après la période Edo, en abolissant la secte Fuke. Les archives du répertoire musical ont survécu et sont en train de renaître au XXIème siècle.

Le Fuke Zen est issu des enseignements de « LinJi YiXuan » (臨濟義玄), fondateur de « l’école Rinzai » (臨済宗) du bouddhisme « Chan », originaire de Chine au XIXème siècle. Le Fuke, cependant, est le nom japonais de « PuHua » (普化), l’un des pairs de LinJi et cofondateurs de sa secte. On dit que PuHua se promenait en sonnant une cloche pour appeler à l’illumination. Au Japon, on pensait que le shakuhachi pourrait servir cet objectif. Le Komusō pratiquait le suizen, qui est la méditation par le souffle méditatif d’un shakuhachi, par opposition au « zazen » (座禅), qui est la méditation par le fait d’être assis au calme, comme le pratiquent la plupart des adeptes du Zen. Les pièces suizen accordaient la priorité au contrôle de la respiration en fonction de la conscience zen et beaucoup furent conçues pour être jouées au rythme des pas d’un moine qui marche sur de longues distances en pèlerinage. Alors que la popularité de Fuke Zen augmentait au cours de la « période Sengoku » (戦国時代), les groupes de komusōs à tête de panier jouant pendant des heures au coin des rues ou errant sur les routes devinrent courants. Après la période Edo, le gouvernement japonais fit des réformes visant à abolir la secte Fuke. En effet le port du tengai, garantissant l’anonymat des moines komusō en pèlerinage, eut tendance à être détourné de son usage pour servir de camouflage aux « samuraïs » (侍), particulièrement les « ronins » (浪人/ »samouraïs sans maître »), et probablement les « ninjas » (忍者), ces derniers cherchant à éviter tout contrôle officiel de leur présence ou de leurs intentions dans une province.

Une fois que cela devint notoire, les voyageurs portant le vêtement komusō furent soumis à une inspection plus minutieuse, en particulier dans les zones agitées et disputées. Plusieurs morceaux de honkyoku particulièrement difficiles, comme par exemple « Shika no tone » (鹿の遠音), avaient valeur de test aux yeux des autorités : en effet, si un komusō suspect était mis au défi de jouer ce morceau de manière suizen authentique, il était alors lavé de tout soupçon. Cependant, s’il en était incapable ou s’il refusait, il était alors assimilé à un espion et était immédiatement arrêté. Lorsque le « shogunat Tokugawa » (徳川幕府) prit le pouvoir sur un Japon unifié au début du XVIIéme siècle, le komusō fut critiqué pour la première fois par le gouvernement. Comme beaucoup d’entre eux avaient été exclus du droit de vote des samouraïs pendant la période des Sengoku (XVIe siècle) et constituaient désormais des membres du clergé laïc, le potentiel de problèmes était évident. Parce que beaucoup de moines étaient d’anciens samouraïs et étaient devenus rōnins après la défaite de leurs maîtres, probablement mis en déroute par le shogunat et leurs alliés, les moines komusōs, maintenant plus nombreux que jamais, étaient considérés comme indignes de confiance et déstabilisants pour le nouveau shogunat.

L’étymologie du terme komuso (虚無僧) signifie « prêtre du néant » ou « moine du vide ». les caractères [虚無] (« Kyomu » ou « komu ») signifient « néant,vide », [虚] (« kyo » ou « ko ») signifie « rien, vide, faux », [無] (« mu ») signifie « rien, sans », et [僧] (« sō ») signifie « curé, moine ». Le prêtre était d’abord connu sous le nom de « komosō » (薦僧), ce qui signifie « moine en tapis de paille ». Ça n’est que plus tard qu’ils prirent le nom qu’on leur connait aujourd’hui. Le Fuke Zen a mis l’accent sur le pèlerinage et il était assez commun d’apercevoir un komusō errant sur les routes dans l’ancien Japon. La flûte shakuhachi tire son nom de sa taille, « shaku » (尺) étant une ancienne unité de mesure proche du « pied » (30 cm), et « hachi » (八) signifiant « huit », ce qui dans ce cas représente une mesure de huit dixièmes de shaku. Les vrais shakuhachis sont en bambou et peuvent coûter très cher.

Le komusō portait un « tengai » ou « tengui » (天蓋), un chapeau de paille tressé qui leur couvrait complètement la tête comme un panier renversé ou une sorte de ruche tressée. L’idée était qu’en portant un tel chapeau, ils retiraient leur ego, tout en leur garantissant l’anonymat. Leur tenue se composait d’un kimono de style « mon-tsuki » (紋付) à cinq armoiries, le « O-kuwara » (大掛絡), vêtement semblable au « rakusu » (絡子) porté sur l’épaule, le « Obi » (帯/ »ceinture »), un shakuhachi secondaire pour accompagner l’instrument principal, éventuellement en remplacement du « wakizashi » (脇差/ »dague ») des samouraïs, un « Netsuke » (根付/conteneur pour médicaments, tabac ou « kiseru » (煙管/ »pipe ») et autres « Kyahans » (脚半/ »couvre-tibias »), « Tabis » (足袋/ »chaussettes »), « Warajis » (草鞋/ »sandales de paille »), « Hachimaki » (鉢巻/ »bandeau »), « tekous » (手甲/couvre-mains), « Gebako » (偈箱/une boîte utilisée pour collecter l’aumône et conserver des documents), « Fusa » (房), un pompon. Après que le shogunat Tokugawa soit tombé aux mains des forces de l’empereur, les temples komusō et leurs prêtres furent abolis en 1871 pour leur ingérence dans les affaires terrestres et non pour le vide de l’être .

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