HanFu, Costume traditionnel Han 漢服


Le « HanFu » (漢服/littéralement « vêtements Han »), également appelés « HanZhuang » (漢裝) ou « HuaFu » (華服), est l’habit traditionnel de « l’ethnie Han » (漢族), constituant le peuple Chinois historique. Le terme HanFu découle du « Livre des Hans » (漢書) qui dit: « puis beaucoup vinrent à la Cour pour rendre hommage et furent ravis du style vestimentaire Han » (後數來朝賀,樂漢衣服制度). Le HanFu est, de nos jours, porté pendant la « Cérémonie de la Majorité » (成人禮) ou celle du « rite de passage » (通過儀禮), par des amateurs, lors de reconstitutions historiques ou lors de cérémonies religieuses, par les taoïstes, moines et prêtres bouddhistes, confucianistes, ou tout simplement lors d’exercices culturels. Le concept de HanFu se distingue par une notion plus large du vêtement traditionnel chinois, excluant les nombreux changements et innovations survenus en 1644, date du fondement de la « dynastie des Qing » (清朝). Imposé par l’envahisseur « Mandchou » (滿族), la base du HanFu s’est vue radicalement changée à partir du 18ème siècle, standardisant ainsi le « QiPao » (旗袍) comme vêtement officiel.

Femmes de cour sous la « dynastie Tang » (唐朝).

Le HanFu peut se classer en 7 familles majeures :

  • « YiChang » (衣裳) : tunique courte et jupe
  • « YiKu » (衣褲) : tunique courte et pantalon
  • « ShenYi » (深衣/litéralement « vêtement profond ») : une jupe et un haut cousus ensemble enveloppant le corps dans sa totalité.
  • « Pao » (袍) : robes et tuniques longues
  • « ShouFu » (首服) : les couvre-chefs
  • « ZuFu » (足服/litéralement « vêtements de pieds ») : chaussures, bottes, sandales, souliers, chaussettes etc…
  • « XieYi » (褻衣) : les sous-vêtements

Fort d’une histoire de plus de trois millénaires, on dit du HanFu qu’il aurait été porté par le légendaire « Empereur Jaune » (黃帝). Dès le début de son histoire, ce dernier (en particulier dans les cercles d’élite) était indissociable de la soie , découverte, selon la légende, par « LeiZu » (嫘祖), épouse de l’Empereur Jaune. La « dynastie des Shang » (商朝/1570 av. J.C – 1045 av. J.C), développa les rudiments du vêtement Han par le port du « Yi » (衣), tunique étroite descendant jusqu’aux genoux, noué par une ceinture, d’une jupe plissée allant jusqu’aux chevilles appelée « Chang » (裳) et agrémentée d’un « BiXi » (蔽膝), pan de tissu de forme rectangulaire recouvrant les cuisses. A partir de la « dynastie des Zhou de l’Ouest » (西周朝), un système de hiérarchie strict fut mis en place pour codifier le statut social par le biais du vêtement .

Exemples de costumes portés par des dignitaires de la « dynastie Han » (漢朝).

De telles réglementations incluaient la longueur des jupes et des tuniques, la largeur des manches et le soin apporté aux ornements. En plus de ces normes, le HanFu devint plus fluide, avec l’introduction de manches amples et de décorations de jade accrochées à la ceinture, servant également à maintenir le Yi fermé. Ce dernier fut, jusqu’alors, essentiellement drapé autour du corps, dans un style connu sous le nom de « JiaoLing YouRen » (交領右衽) décrivant le fait de rabattre le pan gauche sur le pan droit du vêtement afin de fermer l’ensemble du vêtement (les chinois y voyaient une façon plus « civilisée » de s’habiller, considérant ce procédé plus « naturel » en raison du nombre plus important de droitiers). La « dynastie des Zhou de l’Est » (東周朝) marque l’arrivée du « ShenYi » (深衣/littéralement « vêtement profond », divisé en deux familles : le « ZhiQu » [直裾], porté par les hommes et le « QuJu » [曲裾], porté par les femmes), constitué d’une tunique courte et d’une jupe cousus ensemble, formant une seule unité.

Un autre changement fut mis en place, notamment sur le sens de fermeture qui passa à gauche, fixé sous la poitrine. Probablement influencé par « Confucius » (孔子), désapprouvant une société hiérarchisée en faveur de la mobilité sociale fondée sur le mérite personnel, le ShenYi fut rapidement adopté. Par ailleurs, l’élite se mis à porter des costumes confectionnés avec des tissus précieux, ornés de détails somptueux. Au Japon, le HanFu fut également l’une des influences majeures de ce qui allait devenir le « Kimono » (着物), prenant progressivement la forme caractéristique qu’on lui connait de nos jours, par le biais de modifications ayant cherché à styliser les lignes de base, afin de se trouver une identité propre.

Le terme « HanFu » peut se résumer par un ensemble d’éléments associés de manière codifiée et parfois spécifique, selon les occasions. Il diffère de l’habit traditionnel des autres groupes ethniques, notamment celui des Mandchous, qui influença le vêtement chinois au travers du populaire « QiPao » (旗袍) pendant la « Dynastie Qing » (清朝), reconnaissable par sa ligne et son système de fermeture constitué de « brandebourgs » (« noeuds chinois »). Le terme générique « Yi » (衣), famille de vêtements courts dont le col se croise, est porté par les deux sexes. Parmi ceux-là, le « ZhongYi » (中衣/littéralement « vêtement du milieu », correspondant à la première couche), parfois considéré comme un sous-vêtement, fait de coton ou de soie, aux manches plus ou moins étroites, constitue l’habit de base, porté à même la peau. Le « Pao » (袍) se réfère aux robes ou tuniques longues se fermant également de façon latérale, portées uniquement par les hommes, parfois associé au « Ku » (褲/pantalon large). le « Ru » (襦) est une tunique courte dont la partie basse est recouverte par un « Qun » (裙/jupe ou « Chang » [裳]/jupe plissée), soit autour de la taille (« GaoYao RuQun » [高腰襦裙]/voir plus bas*) ou autour de la poitrine (« QiXiong RuQun » [齊胸襦裙] voir image plus haut*).

La famille « ZhaoShan » (罩衫), regroupant les manteaux longs, se compose, entre autres, de vêtements venant recouvrir l’ensemble d’une tenue, tels que le « HeChang » (鹤氅), se nouant à hauteur de la poitrine par le biais d’un lien, le « BeiZi » (褙子/tunique sans manches), ou le « DouPeng » (斗篷/cape). Ce type de pardessus est souvent porté par la noblesse ou la classe supérieure car les matériaux utilisés sont coûteux, en soie ou en tissu damassé. Afin d’apporter davantage de formalité, on peut également fixer à la ceinture un « BiXi » (蔽膝), pan de tissu recouvrant les genoux. Le « YuanLing Shan » (圓領衫), dit « vêtement académique », fait partie d’une famille de robes caractérisées par leur col rond (« PanLing Pao » [盤領袍]/ »robes à col rond ») et par des rabats latéraux (暗擺/ »AnBai »), dont l’usage s’applique généralement aux fonctionnaires, nobles et personnes de rang social élevé. Le YuanLing Shan des fonctionnaires diffère de celui porté par les civils, reconnaissable par son « carré mandarin » (補子/ »BuZi ») cousu sur la poitrine, indiquant, selon le motif, le grade et le statut du dignitaire. Le « LanShan » (襴衫), tenue des étudiants et des chercheurs, se présente avec des proportions similaires, à l’exception du matériaux (lin, chanvre) et des couleurs (généralement blanc et noir), lui donnant un aspect plus sobre et moins sophistiqué.

Différents types de « Robes à col rond » (圓領衫).

En Chine, lors de cérémonies confucéennes, le HanFu le plus formel qu’un civil puisse porter est le « XuanDuan » ([玄端] parfois appelé « YuanDuan » [元端]), version simplifiée des robes de cour de fonctionnaires et de la noblesse, se composant d’un haut noir avec de longues manches, agrémenté de liserés blancs, d’une jupe rouge, d’un BiXi brodé, d’une ceinture blanche, avec, selon les cas, deux ornements pendant d’un côté et de l’autre, appelés « PeiShou » (佩綬), et un « Guan » (冠) en guise de coiffe. En outre, les porteurs peuvent également avoir comme accessoire un « Gui » (圭) de jade ou un « Hu » (笏) de bois, tous deux étant des objets rituels utilisés lors de cérémonies importantes ou à la cour impériale. Parmi les « tenues de religieux » (法衣) portées par les prêtres taoïstes, le « DaJin » [大襟]), de couleur bleu sombre, se décline sous deux formes distinctes : l’une, avec des manches étroites, pour les tâches du quotidien, l’autre, aux manches amples, le « DeLuo » (得羅) pour les cérémonies et rituels. Pour des occasions plus solennelles, un manteau richement brodé appelé « GaoGong FaFu » (高功法服/ »FaPao » [法袍], « JiangYi » [絳衣] ou « TianXian TongYi » [天仙洞衣]), cousu à l’ourlet, avec de larges bords, caractérisé par de longues et amples manches est porté par les prêtres de haut rang. Le « JieYi » (戒衣), de couleur jaune doré/rouge écarlate et noir, est portée par les novices lors des cérémonies importantes. Quant aux moines bouddhistes, ces derniers portent le « HaiQing » (海青), ainsi qu’une étoffe appelée « JiaSha » (袈裟), dont les lignes d’or sur fond rouge créent un motif de briques, avec lequel ils se drapent. Ce dernier couvre l’épaule gauche et vient se fixer sur le côté droit de la poitrine par le biais d’une attache appelée « RuYi GouHuan » (如意鉤環). Il arrive que cette tenue soit portée par les fidèles lors de cérémonies religieuses, mais dont les tons, plus ternes, se déclinent en marron, noir ou gris clair (« ManYi » [縵衣/littéralement « vêtement simple »]).

Manteau porté par les prêtres taoïstes lors de cérémonies religieuses.

Dans le milieu universitaire ou celui de la bureaucratie, on porte quotidiennement la robe connue sous le nom « ChangFu » (常服), variant selon les époques, mais gardant généralement un col rond, se fermant sur un des cotés du cou.  Il en existe différentes variantes :

  • Le « MianFu » (冕服) : robe dédiée à l’empereur, aux fonctionnaires ou à la noblesse.
  • Le « BianFu » (弁 服) : habit de l’empereur, des fonctionnaires ou de la noblesse, lors de cérémonies militaires.
  • Le « ChaoFu » (朝服) : une robe de cour cérémonielle rouge portée par l’empereur, les fonctionnaires ou la noblesse.
  • Le « GongFu » (公 服) : robe de cour formelle.
  • Le « ChangFu » (常服) : robe de cour de tous les jours.

La profession ou le rang social d’une personne était identifiable par le type de « couvre-chef » (首服) qu’elle portait. Les coiffes sont donc divisées en 4 grandes familles :

  • Les « Jin » (巾) se caractérise par un matériau semi-souple (tissu ou gaze), formé de plis plus ou moins élaborés formant un genre de bonnet dont il existe une grande variété.
  • Les « Mao » (帽) regroupe les couvre-chefs rigides (toile/cuir/crin).
  • Les « Guan/Bian » (冠/弁), généralement fait de métal ou de cuir, ce style de couvre-chef est conçu pour que le chignon des hommes soit recouvert et maintenu en place par une épingle.
  • Les « Li » (笠 ou « DouLi » [斗笠]), se décline sous différentes formes, fait de paille, de roseau ou de bambou, porté par les gens ordinaires tels que les paysans lors des travaux agricoles ou par les pêcheurs.

Les hauts dirigeants portent le « MianGuan » (冕冠 ou « MianLiu » [冕旒]), qui consiste en une coiffe soutenant une étroite plaque de bois recouverte de tissu sur laquelle pendent plusieurs rangées de perles servant à dissimuler partiellement le visage, et dont le nombre indique le rang de celui qui la porte. Ainsi, seul le MianGuan de l’Empereur comporte 12 franges, devant et derrière, tandis que celui des Princes et des Ducs n’en compte que 9.

"Qin Shi Huang" (秦始皇) en tenue de cour et portant le "MianGuan" (冕冠) à 12 franges.

« Qin Shi Huang » (秦始皇) en tenue de cour et portant le « MianGuan » (冕冠) à 12 franges.

 Le « Xiao BaoPa » (小包帕), sorte de fichu enveloppant le chignon et maintenu en place à l’aide d’un lien, constitue la plus commune des coiffes et peut être porté tant bien par les intellectuels que par les gens du peuple. Les universitaires portent, entre autres, le « FangJin » (方巾) ou le « ZhuangZi Jin » (莊子巾), tandis que les fonctionnaires portent le « WuShaMao » (烏紗帽/également appelé « ZhanChi FuTou » [展翅幞頭]), le « ZhanJiao FuTou » (展角幞頭), ou le « FuTou » (幞頭). Ce type de couvre-chef remonte à la « dynastie Jin » (晉朝), reconnaissable par ses « ailettes » horizontales situées sur son l’envers. Il en existe une multitude dont seuls les personnes ayant passé les examens civils ont le droit de porter. Une variante de ce dernier pouvait être employé par les chercheurs ordinaires mais également par les jeunes mariés lors de leur cérémonie de mariage. Le « WeiMao » (帷帽), consistant en un large chapeau fait de roseau auquel était fixé un long pan de gaze transparent, était employé pour garder un semblant d’anonymat lors des voyages, notamment par les femmes.

Ces dernières, quant à elles, portaient divers types d’épingles à cheveux et ornements appelées « Ji » (笄), « Bi » (篦), « BuYao » (步搖), « HuaSheng » (華勝), « Tian » (鈿) ou « Zan » (簪), dont il existe une très grande variété de formes et de styles. Par ailleurs, l’emploi de « rajouts » ou « extensions capillaires » (髲髢) chez les femmes de cour ou nobles, était employés pour donner du volume à leur coiffure et ainsi permettre davantage de fantaisies quant à l’ensemble. Par ailleurs, le soin apporté aux cheveux fut un élément essentiel dans la vie des Han. Généralement, les hommes et les femmes arrêtaient de les couper une fois l’âge adulte atteint. C’est par le biais de la « cérémonie de la couronne » (冠禮/pour les hommes) et celle du « Ji » (笄禮/pour les femmes), effectuées généralement entre l’ âge de 15 et 20 ans, que cette habitude prit cours, permettant ainsi aux cheveux de croître naturellement. Tous les hommes devaient donc se conformer au port du chignon, appelé « Ji » (髻), toujours couverts, par différents types de coiffes, à l’exception des moines bouddhistes, dont la tête était totalement rasée afin de montrer leur détachement du monde matériel, ainsi que les prêtres taoïstes dont le chignon était tenu par une simple tige de bois. Ainsi, les « cheveux lâchés » que l’on voit dans les « séries télévisées/Dramas » (電視劇) ou les téléfilms d’époque sont une représentation erronée car historiquement inexacte.

Différents types de chignons.

Par ailleurs, les enfants et les femmes n’étaient pas tenus de suivre cette règle et pouvaient couper leurs cheveux ou simplement les laisser lâchés. Cela est dû à l’influence des enseignements de Confucius qui dit : « Mon corps, mes cheveux et ma peau sont donnés par mes parents, je n’ose les endommager car c’est le moins que je puisse faire pour honorer leur mémoire » (身體髮膚,受諸父母,不敢毀傷,孝之始也). Ainsi, en Chine ancienne, une punition portant le nom de « Kun » (髡) consistait à tondre la totalité de la chevelure des criminels pour les humilier. Cette règle stricte fût observée tout au long de l’histoire chinoise depuis l’époque de Confucius jusqu’à la fin de la « dynastie des Ming » (明朝/1644), lorsque les envahisseurs mandchous imposèrent aux hommes Han de raser la moitié de leur chevelure pour ne laisser qu’une natte à l’arrière du crane (procédé nommé « rasage des cheveux et changement de costume » [剃髮易服] et plus communément appelé « Yuan » ([髨/ »tonsure »]); Les femmes furent épargnées les premiers temps, mais un décret leur imposa finalement le port du costume Mandchou. Après une période de résistance acharnée, l’oppresseur menaça le peuple Han par un ultimatum : « Sauver vos cheveux ou votre tête » (留髮不留頭,留頭不留髮). Seuls les moines taoïstes furent exemptés de cette pratique en raison de la politique religieuse Mandchoue appliquée après le fondement de la « dynastie Qing » (清朝). Pendant les luttes politiques et ethniques, beaucoup de gens se convertirent au taoïsme dans le seul but de sauver leurs chevelure et ainsi préserver l’identité Han au milieu du XVIIème siècle.

Jeunes mariés en costume traditionnel.

Les anciens chinois distinguaient les principaux éléments d’une tenue comme « vêtements du haut », « vêtements inférieurs » et « vêtements de pieds » (cette dernière incluant, de façon indifférenciée, chaussures et chaussettes). De même que pour le HanFu, il en existe plusieurs familles :

  • « Xie » (鞋) : chaussures/chaussons
  • « Ji » (屐) : sandales de bois
  • « Xue » (靴) : bottes
  • « Wa » (襪) : chaussettes
  • « Lü » (履) : « chaussures-bateau » à semelles fines
  • « Xi » (舄) : « chaussures-bateau ». Ce type de soulier, dont la semelle est constituée de plusieurs couches de tissu et comportant une « languette » sur son devant permettant de ne pas être entravé par la longueur de la jupe.

Différents exemples de souliers : « Lü » (履), « sandales de roseaux » (蘆葦鞋) et « Xi » (舄).

Historiquement, le HanFu a influencé bon nombre de costumes de cultures voisines, tels que le « Kimono » japonais, le Hanbok » coréen et le « áo Tứ thân » vietnamien. Certains éléments de pays voisins l’ont d’ailleurs lui-même influencé, en particulier ceux des peuples nomades du nord et les cultures de l’Asie centrale, à l’ouest de la « Route de la Soie » (絲綢之路). La « dynastie Tang » (唐朝) représente un âge d’or dans l’histoire chinoise, où les arts, les sciences et l’économie étaient en plein essor. Les vêtements féminins et les parures, en particulier, reflètent la nouvelle vision de cette époque qui connu des échanges commerciaux sans précédents avec les pays frontaliers. Bien que la ligne vestimentaire s’attachait à faire perdurer le style « Han » et « Sui » (隋朝), la mode de la dynastie Tang fut également influencée par les arts cosmopolites, au travers de l’acceptation, par les Han, de mélanges culturels présents au quotidien. Les influences étrangères prévalant  à cette période incluaient celles des peuples de « Gandhara », du « Turkestan », de « Perse » et de Grèce. La ligne stylistique des costumes de ces contrées fusionnèrent avec celle de style Tang. Dans le système judiciaire, la fonction de certains costumes Tang, perdurant jusqu’aux « Song » (宋朝), employait souvent la couleur rouge pour les vêtements ainsi que des chaussures et des coiffes en cuir noir. Le bord des cols et des manches de tous les vêtements qui furent excavés étaient décorés avec des lacets ou brodés de motifs floraux tels que la pivoine, le camélia, la fleur de prunier, ou le lys. Bien que certains vêtements Song aient des similitudes avec ceux des dynasties précédentes, certaines caractéristiques les distinguent des autres. Les « Ming » (明朝), comme aucune autre dynastie, apporta également de nombreux changements au HanFu en intégrant des boutons de métal et en standardisant l’encolure ronde de la dynastie des Song (960-1279). Comparé au costume Tang (618-907), les proportions du vêtement du haut étaient plus courtes par rapport à la jupe, puis, sous les Ming, la tendance s’inversa considérablement.

Le « CheongSam » (長衫/ »Longue robe » [pour femme] ou « ChangPao » [長袍/pour homme]), porté à l’origine par les femmes mandchoues, aussi connu en mandarin sous le nom générique de « QiPao » (旗袍/ »Robe bannière »), signifie littéralement « longue robe » et fait référence à un vêtement « non-Han ». Durant la dynastie Qing et suite à la réunification des « tribus NüZhen » (女眞) par « Nurhachi » (努爾哈齊), le système des « huit bannières » (八旗) de la société Mandchoue fut mit en place  et ses habitants furent alors nommés « gens des bannières » (旗人), et, par extension, leurs vêtements furent donc désignés sous le terme « habits de Qi » (旗衣/ »vêtements Bannière »). Les femmes mandchoues portaient une robe d’une seule pièce, influencée par la robe des femmes mongoles durant la dynastie des Yuan, se présentant comme une blouse étroite avec de longues manches, un col haut avec une fente et de larges épaules. Elle couvrait la plupart du corps des femmes, ne révélant que la tête, les mains et le bout des orteils. La coupe du vêtement servait à dissimuler les formes de celles qui le portaient quelque soit leur âge. Cependant, avec le temps, le QiPao fut revisité pour adopter une forme plus proche du corps. Cette version modernisée, fut mise au point dans les années 1920 à « ShangHai » (上海) et prit le nom de CheongSam.

Costumes de style Mandchou.

Suite à la politique de la « porte ouverte » instaurée en Chine à la fin du XIXème siècle, les échanges internationaux virent le jour et la culture occidentale fît son entrée. Après la « guerre de l’Opium » (鴉片戰爭), les costumes de style européen apparurent en Chine, ce qui eut un impact certain sur le Cheongsam. Sa forme longue et ample devint courte et étroite. Le peuple chinois accepta progressivement l’influence de la culture occidentale, mais le statut du CheongSam n’en fut pas affecté. Le col dont le devant était plus haut que l’arrière devint à la mode avec des manches relativement longues et lâches. Durant les premières années de la « République de Chine » (中華民國), il était plus populaire chez les femmes de porter un chemisier et une jupe que de s’habiller en QiPao. En 1929, l’ordonnance sur les vêtements fut annoncée par le gouvernement et le CheongSam fut reconnu officiellement comme l’habit national. Le CheongSam des années 1940 fut à la pointe de la mode et devint le vêtement standard des femmes modernes, assimilant des caractéristiques tant bien chinoises qu’occidentales. Influencé par les styles d’Europe et d’Amérique, le CheongSam franchit une étape en mettant en valeur la silhouette féminine.

QiPao de lEmpereur orné de dragons.

« QiPao » (旗袍) de l’Empereur orné de dragons.

En effet, en adoptant une coupe occidentale, la robe vint s’ajuster au corps en révélant ses courbes. Dans les années 1930, le CheongSam fut raccourci à hauteur des genoux et la longueur des manches fut réduite. Mais, au milieu de ces même années, la ligne de la robe fut allongée et des fentes firent leur apparition sur les deux côtés. En raison de la révolution culturelle chinoise (1966-1976), le CheongSam fut finalement abandonné. Le simple fait de le porter publiquement était considéré, à cette époque, comme une inconduite politique. A partir des années 80, il y eut un regain d’intérêt auprès du peuple pour ce genre de vêtement et il redevint populaire en apparaissant dans des films, des concours de beauté et des défilés de mode, en Chine et dans d’autres pays du monde. En 1984, le CheongSam devint un costume formel en République Populaire de Chine lors des rencontres diplomatiques. Conçu habituellement avec des matériaux de qualité tels que la soie, le satin, les tissus brocardés ou encore le velours, toutes les couleurs peuvent être utilisées.

Style de blouse courte portée par les femmes de la « dynastie Qing » (清朝).

Parmi les éléments qui constituent le CheongSam, le col, tant bien haut, moyen, bas ou évasé, est traditionnellement rigide, créant l’effet d’un cou plus long et fin. La partie rabattable du col prend généralement la forme d’un demi-cercle et dont les deux cotés sont parfaitement symétriques. La boutonnière composée de jolis nœuds complexes et dont il existe une grande variété de formes, rehausse l’ensemble du vêtement par sa valeur décorative, et représente de ce fait la touche finale. La taille des manches du CheongSam peut différer selon le modèle : courtes, au trois-quart ou longues. Quant à elles, les fentes latérales rendent les mouvements plus aisés tout en exposant indistinctement les jambes fines de la femme lorsqu’elle marche. Les motifs de broderie qui ornent le CheongSam le rendent particulièrement classieux. Parmi eux, on trouve traditionnellement des « dragons » (龍), des « Phénix » (鳳凰), des « pivoines » (牡丹), des « paons » (孔雀) et autres symboles ayant pour principales significations l’élégance, la chance, la longévité et la prospérité.

Avec l’essor de la Chine en matière d’économie et son développement dans le domaine de la mode et de la haute couture, le CheongSam a su attirer l’attention du monde lors des défilés de mode. En effet, plusieurs designers occidentaux se sont inspirés de ce vêtement pour leurs propres créations et de nombreuses actrices n’hésitent pas à faire des apparitions publiques en costume traditionnel. Au cours de la dynastie Qing , certaines couches sociales ont émergé. Parmi elles se trouvaient les « Bannières » (« Qi »/[旗]), désignant l’ethnie « Manchoue » (滿族), communément appelés « QiRen » (旗人/les « gens-bannière »). Les femmes mandchoues portaient généralement une robe d’ une seule pièce connue sous le nom « QiPao » ( 旗袍/ »robe-bannière »), terme générique désignant essentiellement la version féminine, tandis que celle portée par les hommes était le « ChangPao » ( 長袍 ). Après 1636, en vertu des lois dynastiques, tous les Chinois « Han » (漢族) furent contraints d’adopter ce vêtement et se conformer à la tonsure partielle de leurs cheveux (règle s’appliquant uniquement aux hommes). La plupart des Han adoptèrent finalement le port du QiPao tandis que les femmes continuèrent à porter le HanFu.

Le QiPao d’origine, était large et lâche, couvrant la majeure partie du corps de la femme, ne révélant ainsi que la tête, les mains et le bout des orteils. Cependant, avec le temps, la coupe du vêtement devint plus ajustée, s’adaptant davantage aux morphologies pour souligner les courbes. La version actuelle, désormais populaire en Chine, fut développée à « Shanghai » (上海) dans les années 1920, en partie sous l’influence des styles de la capitale, « BeiJing » (北京). Les gens cherchaient davantage un style plus moderne en transformant l’ancien QiPao en l’adaptant à leurs goûts. D’abord connu à Shanghai sous le nom de « zansae » (« ChangShan » en mandarin), les anglais le baptisèrent « CheongSam », en référence à la prononciation cantonaise (« CheuhngSaam »),terme désormais employé de nos jours pour désigner ce type de vêtement.

Le « Mouvement HanFu » (漢服運動 ) est un mouvement qui s’est développé en Chine et dont ses partisans souhaitent réintroduire le port du costume Han dans le quotidien du peuple chinois et ainsi souligner les valeurs de la nation. Alors que les Chinois Han constituent le plus grand groupe ethnique de Chine, il en existe 55 autres ayant leurs propres traditions et folklore. Selon « Asia Times Online » (亞洲時報在線), le Mouvement HanFu aurait débuté autour de 2003, et dont « Wang LeTian » (王樂天), le fondateur, fut le premier à porter le HanFu publiquement. Wang et ses sympathisants réfléchirent alors à la façon de promouvoir et faire revivre l’identité culturelle Han en adoptant au quotidien ce costume. Bien que cette initiative fut applaudie par ses partisans, le Mouvement fut vivement critiqué par d’autres, n’adhérant pas à l’idée qu’on puisse porter le HanFu pour un usage quotidien. Les gens qui assument et privilégient ce genre d’habillement en public, au détriment du style occidental, sont souvent perçus comme excentriques. Cependant, les amateurs de HanFu organisent souvent des événements costumés, notamment les cérémonies « Ji Li » (笄禮) et « Guan Li » (冠禮), par lesquelles ils encouragent le public à porter ce vêtement traditionnel de façon décomplexée.

Au XXIème siècle, les partisans du HanFu souhaitent renouveler cette tradition, dans une démarche d’unification de la nation, en réhabilitant le costume traditionnel en tant que symbole culturel de la Chine, et ainsi le transmettre aux générations futures. Néanmoins, les détracteurs du mouvement estiment que ce renouveau aboutirait vers une forme de nationalisme dans la mesure où il privilégierait l’apparence au détriment dudit message d’unification. Par ailleurs, ces derniers craignent également que ce projet rejète les vêtements « non-Han », en conduisant à une discrimination du style occidental, ainsi que celui des 55 autres ethnies Chinoises, contraintes d’abandonner leurs propres traditions vestimentaires. En Février 2007, les partisans du HanFu ont soumis au « Comité olympique chinois »(中國奧林匹克委員會) la proposition d’adopter le costume traditionnel comme tenue officielle de l’équipe chinoise pour les Jeux Olympiques d’été de 2008, mais cette initiative fut rejetée car estimée trop fantasque pour cet événement.

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Un commentaire pour HanFu, Costume traditionnel Han 漢服

  1. mamaoute dit :

    superbe article

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